Debby Barthoux collecte, archive, classe, certains instants et tous ces petits signes qui jalonnent nos vies et qui sont voués à disparaître. Elle porte une attention particulière, comme nombre d’artistes de sa génération, « aux apports de l’archéologie, à ses méthodes, à sa philosophie. » 1 Une manière d’engager les « objets humains et matériels » 2 mais aussi, dans un rapport plus large, lequotidien et avec lui les souvenirs, les moments plus ou moins importants, les conversations, dans une lutte contre l’effacement qui, dans nos sociétés contemporaines, frappe les éléments des plus insignifiants, aux architectures ou aux individus, jusqu’à leur mémoire. Dans une société toujours plus hygiéniste, le renouvellement incessant des matériaux, le « rhabillage » ou pelliculage des objets font qu’aujourd’hui leur surface ne garde plus aucune trace de leur l’usage ni de ceux qui les ont manipulés. N’ayant plus de mémoire, aucune histoire ne peut s’imprimer en eux. Plastiques, inox, synthétiques, n’offrent, à la différence du bois, de l’acier ou des textiles naturels, aucune prise à la mémoire de la routine quotidienne, à sa mélancolie. Or femmes et hommes écrivent leur « vie minuscule » pour reprendre les mots de Pierre Michon, à partir de cet infra ordinaire qui constitue leur existence.
Valérie Toubas et Daniel Guionnet
- Maurice Fréchuret, préface à Méta-archéologie, catalogue d’exposition de Florian Schönerstedt, Musée d’archéologie de Nice/Cimiez, 2019, p. 6.
- Dr Michael Balint, Les Voies de la régression, coll. Sciences de l’homme , Payot, Paris, p. 11 et suivantes