ZOÉ LEDOUX

Le travail de Zoé Ledoux est axé autour de la situation de production de l’artiste dans un contexte qui lui est opposé, celui d’une société portée par des notions de performance et de compétitivité qui se complaît dans cette capacité à créer instantanément du contenu ou concevoir des oeuvres comme autant de solutions esthétiques. L’artiste est lui-même devenu dans ce système de production un entrepreneur devant répondre aux problématiques conjointes de l’originalité et du renouvellement.

À ces notions qui n’épargnent pas les écoles d’art et contraignent les artistes, Zoé Ledoux oppose temps d’imprégnation, de réflexion, de production et leur associe temps de pause et perte de temps. À la célérité du temps commun, à la valorisation de l’instantané, à cette précipitation à nourrir une banque de formes qui ne cesse d’augmenter, à cette immédiateté dont Jankélévitch rappelle que pour Platon elle était signe de mensonge, de tromperie et d’un faux savoir, à ce toujours plus fulgurant et miraculeux concept sorti du chapeau, Zoé Ledoux oppose l’expérimentation qui se fragmente en temps perdus, non quantifiables, de la recherche documentaire et formelle, de l’indécision, du rejet et même du ratage. Plutôt que de subir cette immédiateté, Zoé Ledoux montre qu’elle ne vaut que pour ce qu’elle est, et elle la dédramatise en concevant des oeuvres qui naissent du hasard, d’un temps non contrôlé et non optimisé, de l’ennui, du fortuit, et du concours de circonstances.

Valérie Toubas et Daniel Guionnet

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